Se tenant au mat de toutes ses forces, Lia se retenait de ne pas rendre le dernier repas qu’elle avait avalé. Le teint plus vert que mauve, elle avait l’impression que tout le paysage tournait autour de sa pauvre personne. Les marins lui avaient conseillée devant son adorable bouille maladive de se poster à la vigie, l’endroit du bateau qui tanguait le moins. Mais Lia se sentait toujours de plus en plus mal, s’empêchant à tout moment de rendre l’âme. À croire que la mer lui en voulait. Mais qu’avait-elle fait de mal ? La seule conception du mal lui était inconnue... À part avec... lui. É cartant cette pensée, elle se concentra sur un point, au loin. Il y avait d’agréables oiseaux qui volaient et même des cris qui parvenaient. Des cris ?! Lia se releva et lutta contre le vertige pour écouter plus attentivement ces bruits qui parvenaient de ce qui se révéla être un autre bateau.
« Heu... Capitaine, j’entends des bruits bizarres...
- Quel genre de bruits ? demanda-t-il, rempli de bonnes intentions. »
Tout le monde était au courant de la stupidité, ou du moins ce que beaucoup qualifiaient comme de l’innocence, de Lia. En effet, le premier jour quand on lui avait demandé pourquoi à son avis les oiseaux volaient, elle avait commencé à raconter une fabuleuse histoire sans queue ni tête sur un Dieu inconnu qui leur avait offert ce don et qu’en aucune façon les ailes avaient avoir quelque chose là-dedans. Deux jours plus tard, les marins lui avaient donnée comme astuce de se tenir au vent pour que le Dieu lui offre la capacité de s’envoler. Elle avait sûrement du attendre des heures sur le pont avant que l’un d’eux viennent lui expliquer que c’était une blague. Donc depuis les passagers et marins du bateau faisaient très attention pour qu’elle n’avale pas n’importe quoi et ne tombe pas dans les griffes du premier être mal attentionné.
Lia tendit donc l’oreille et poursuivit en secouant la tête, complètement incapable en fait de mettre un nom sur ces sons étranges.
« Ça ressemble à des cris mais... Ce n’est pas tout à fait ça en fin de compte.
- Ha bon ? Décris-les moi s’il te plaît... continua avec une extrême patience le chef du navire. »
Discuter avec Lia n’était pas une mince affaire. En tout cas par la mine réjouie qu’il lut peu après sur sa figure, il se dit que ça valait la peine. Qui pouvait se fâcher contre un être si adorable ? Personne, ou alors quelqu’un qui était vraiment très odieux et cruel.
« C’est plus ou moins... Espèce de cadavre puant, pourquoi est-ce que tu as coulé mon bâtiment ? Et alors il y a le deuxième qui répond...
- C’est bon ! Je pense que ça suffit, Lia... l’interrompit le capitaine. »
Lia stoppa net avec un grand sourire sur la figure. Les marins soupirèrent et secouèrent la tête en souriant. Non, vraiment... Quelle candeur ! Ne connaissait-elle donc aucune insulte ? Etait-elle si innocente que cela ? S’ils avaient su... Quand Lia se décida enfin à descendre de son perchoir pour remettre par-dessus la rambarde, il devait être même pas cinq minutes plus tard, elle s’arrêta et regarda l’horizon. Ses sens étaient beaucoup plus développés que les autres races et ce fut première qu’elle déclara :
« Terre en vue ! »
Lia se retourna vers le capitaine et avec un sourire taquin, tendit la main : il avait promis une pièce à la première personne qui verrait la côte. Le capitaine refusa tout de suite, argumentant avec hargne qu’elle ne pouvait pas avoir de l’argent à un si jeune âge. Elle haussa des épaules et, une fois qu’il se retourna, s’empara de sa bourse. Après tout, elle lui avait demandé avant. Les marins accostèrent à l’endroit prévu et Lia découvrit pour la première fois de sa vie un des deux plus grands ports de toute sa vie : Langrand.